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Généalogie détaillée de Pierre Piché

Publié le par Jérôme Piché

Pierre Picher dit la MUSETTE

Dans" la vie libertine en Nouvelle-France au dix-septième siècle" (1), le regretté Robert-Lionel Séguin consacre un chapitre sur quelques dévergondés du début de la colonie: Les bigames.

"L'éloignement et la lenteur des communications, écrit-il, favorisent la bigamie. En toute quiétude, le nouvel arrivant peut prendre femme ici, même s'il en a déjà une dans sa paroisse

d'origine. Mais avec le temps, les nouvelles franchissent les plus longues distance Le bigame sera pris à son propre piège."

Un bigame sympathique

Le seul bigame pour lequel Séguin manifeste quelque sympathie est Pierre Picher parce que, selon toute apparence, celui-ci ignorait absolument que la femme qu'il avait laissé en france était toujours vivante. Son frère Louis l'avait plutôt assuré du contraire. D'ailleurs, ce bigame sans le savoir s'est empressé de corriger son statut insolite comme nous allons le voir.

De-Faye-la-Vineuse

Faye-la-Vineuse est une ancienne ville forte située mainte-nant dans le département de l'indre-et-Loire. L'église St-Georgesétait autrefois une col`lègiale dont on connaît l'histoire au moins depuis le XIIe siècle. On dit aussi que la crypte qu'on y trouve est la plus remarquable de la Touraine (2) C'est là que fut porté sur les fonts baptismaux l'ancêtre Pierre, le 18 août 1632.On le dit fils de Pierre Picher et d'Anne Pinet (3).

De ses jeunes années et de son premier mariage avec Marie Lefebvre, l’on ne sait encore rien. En 1662 année probable de son arrivée en Nouvelle-France, le journal des Jésuites mentionne le passage de quelques vaisseaux. Le premier mouille devant le port de Québec le 5 juin et il est commandé par le capitaine Rémond. Ce voilier était parti de la Rochelle deux jours avant trois autres; celui du sieur Peré abordera le 16 et ceux des capitaines Poulet et LeGagneur en juillet seulement.Enfin le 4 août, l’esquif du sieur de La Mothe, qui apporte à une autre Tourangelle, Marie de l’Incarnation, des lettres de son fils Claude Martin, La sainte religieuse y répond le 10 août. »Mon très cher fils , écrit-elle, j’ai reçu trois de vos lettres seulement depuis peu de jours, deux vaisseaux qui sont à port il y a deux mois ne nous ayant apporté ni lettres ni nouvelles de votre part ni de nos chères Mères de Tours. Nous avons seulement appris que les calamités dela

famine et des maladies morelles qui ont couru par toute la France …..ont particulièrement fait leurs ravages sur la Rivière de Loire » (4).

Serviteur de Gervais Buisson

C’est donc la désolation dans la mère-patrie lorsque Pierre Picher franchit l’atlantique vers des rivages croit-il, moins lugubres. Il a atteint, à cette époque, le cap de la trentaine et un emploi l’attend, vraisemblablement chez Gervais Buisson de Saint-Cosme, dans la seigneurie de Sillery. C’est du moins là qu’il se trouve le 5 décembre l663, quand Buisson fait requête au Conseil Souverain de la Nouvelle-France (5) pour « remontrer que le nommé Pierre Picher (sic) son serviteur domestique depuis quelque temps est toujours en débauche sans se mettre en peine de son service, et que cette débauche est suscitée par les nommés Sansoucy et Montaure (6) pourquoi il requiert que dépenses leur fussent faites sous les peines qui seraient jugées. » Le Conseil condamne le serviteur à dix livres d’amende pour s’être juré et à payer quatre livres pour chaque jour qu’il a perdu au service de son maître.

Ainsi donc l’ancêtre connait des difficultés d’adaptation dès sa deuxième année dans son nouveau pays. Quelques semaines plus tard, soit le 26 janvier 1664, son nom parait de nouveau dans les procès-verbaux de même Conseil. Cette fois-ci, il n’est pas accusé de quoi que ce soit. On signale tout simplementt qu’il est allé se faire soigner à l’hôpital. Un certificat du sieur de Charny indique que le maître chirurgien Jean Madry a promis de panser sa blessure gratuitement et de lui faire fournir des médicaments; Madry réclame maintenant paiement, ce que conteste Hubert Simon dit Lapointe. Un billet daté du 2 août 1663 signale que l’accident est arrivé depuis plusieurs mois.

Censitaire de Charles de Lauson

L’intervention de Charles Lauson de Charny en faveur de Pierre Picher au cours de l’été de 1663 porte à croire que le seigneur, devenu prêtre en 1659 et protecteur d’un grand nombre de colons avait dû concéder au moins verbale-

ment à l’ancêtre une terre dans son fief de l’ile d’Orléans.

Ce titre de propriété est d’ailleurs confirmé dans un acte inscrit dans le minutier de Claude Auber, le 8 août 1665. Ce jour-là, Pierre Picher, censitaire

De la seigneurie de Lirec, laquelle couvre la majeure partie du versant nord de l’île d’Orléans, se départit de sa terre au profit de Pierre Mortrel (Martel), habitant de la seigneurie de Beauport.

Cette concession et habitation a deux arpents de front sur le fleuve et pénètre jusqu’au milieu de l’ile; elle est voisine de celle de Jean Guion du Buisson et changée de quatre sols de rentes seigneuriales pour chaque arpent de front.

La transaction est conclue pour la somme de 45 livres de principal et de 55 livres en blé fourni au prix qu’il pourra valoir lors du paiement. Le marché comprend aussi une superficie de deux arpents de bois que le vendeur cède pareillement à l’acquéreur. Outre le vendeur et le notaire, le jugement de…. Beaupré et de l’ile d’Orléans, Martin de Saint Aignan ainsi que le voisin Guion signent au bas de l’acte.

Le mariage illicite

Si Pierre Picher croit sincèrement être veuf de Marie Lefebvre lorsqu’il décide d’épouser , en 1665, Catherine Durand, ni son contrat ni son acte de mariage ne font mention de son veuvage.

Le 23 novembre, le couple se présente chez le notaire Michel Fillion fin de faire préciser les arrangements d’usage. Catherine, fille de Pierre Durand et de Jacquette Courtois, ses défunts père et mère ci-devant de la paroisse Saint-Eustache de Parie d’une Part, et Pierre, fils de Pierre Picher et d’anne Pinet, de la paroisse Saint-Georges de Faye-la-Vineuse, évêché de Poitiers d’autre part, s’apprêtent à s’umir pour la vie, en la présence et avec le consentement de leurs parents et amis. Les témoins de la future épouse sont le sieur de Boismaurin (7), Jacques de la Métairie (Meterie) (8), François Blondeau

Habitant, et Nicole Roland, son épouse; ceux du futur époux sont René Dubois,

Habitant, et Julienne Dumont, sa femme.

Pierre apporte <a Catherine un douaire prefix de 400 livres tournois. En cas de décès de l’un des deux, le survivant héritera de tous les biens meubles et immeubles de la communauté. Le contrat est paraphé à Québec dans la maison du sieur Blondeau, au cours de l’avant-midi. Les futurs époux signent au bas de l’acte avec Blondeau, de la Meterie et Julienne Dumont.

Deux jours plus tard, c’est le mariage proprement dit. La cérémonie se déroule en l’église Notre-Dame de Québec, sous la présidence du curé Henry de Bernières et en présence de Dubois-Maurel, Jean-Baptiste Patoulet (secrétaire de l’intendant Talon), Guillaume Fournier et Jacques de la Meterie.

Le séjour à Charlesbourg

Le recensement de 1666 signale que la famille Picher réside maintenant dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, qui s’étend entre celle de Beauport et de Saint-Joseph, et qui comprend les territoires de la rivière Saint-Charles et de Charlesbourg. L’ancêtre est âgé de trente ans dit-on, et Catherine fait rayonner ses dix-sept printemps. C’est ici que l’on apprend que Pierre exerce le métier chapelier.

Le 18 juillet de la même année, il engage Adrien Deleau, un habitant de cap-

Rouge, pour le servir « bien et fidèlement… pour le temps et espace d’un mois à commencer demain et finir à pareil jour pour faire tout e travail que le dit Picher adjugera à propos suivant la coutume de ce pays au moyen de la somme de dix-huit livres » Selon son habitude, Picher signe l’acte avec le notaire Becquet, et ainsi que les témoins Allaire et Pierre Faure…………

Quelques mois plus tard, l’ancêtre prépare un nouveau déménagement, nous apprend un acte de Gilles Rageot daté du 13 décembre. Ce jour-là, Adrien Sédillot lui afferme son habitation de la côte Saint-Michel (chemin actuel des Quatre-Bourgeois, »à titre de loyer et prix de grains du premier Jour de l’An prochain que l’on comptera mil six cent soixante sept jusques à trois ans finis et accomplis »

À la côte Saint-Michel

Pierre Picher, « habitant de Charlesbourg et y demeurant pour le présent »,

est donc sur le point de prendre, à titre de locataire, possession d’une habitat-

tion sise en la côte Saint-Michel contenant douze arpents ou environ de terre en nature de labour, pioche et désert sur laquelle est bâtie une maison et grange, circonstances et dépendances joignant d’un côté Gervais Bisson (et) d’autre côté Etienne Sédillot. » En arrière s’étend la côte Saint-Ignace (futur boulevard Laurier).

L’ancêtre s’engage à piocher et à ensemencer la terre, puis à fournir trente minots de blé froment, six minots de pois et autant d’orge. De plus, il sera tenu d’entretenir, de réparer la maison et d’y faire une cheminée au cours de l’été suivant. De son côté, le bailleur fournira au preneur les bœufs pour qu’il puisse labourer la terre, se réservant le droit de jouir d’un arpent de terre dans le haut de l’habitation, du côté de Bisson. Sédillot devra en outre fournir à Picher six minots de blé, des pois pour la prochaine semence, ainsi qu’une avance de quinze livres en argent lui permettant d’engager un homme qui l’aidera à effectuer ces travaux.

Au tout début de 1667, Pierre Picher trouve preneur pour sa terre de Charlesbourg. L’acte de vente est rédigé par le notaire Gilles Rageot le 23 janvier. Située dans le village, cette concession compte 40 arpents de profondeur sur un demi de front, avec maison comprenant cave, chambre, cheminée et grenier. Les voisins sont Jacques Galarneau et Jacques Regnaud. La transaction est faite à la charge des cens et rentes et pour la somme de 170 livres tournois que le vendeur reconnaît avoir reçues le jour même des mains du frère Joseph Boursier, de la compagnie de Jésus, « en louis blanc et sols marqués ayant cours en ce pays dont iceluy vendeur s’est tenu pour content et bien payé. » L’acte est passé à Québec en présence de Jean Galaup sieur de Montauban et de Martin Guérard.

C’est en cette même côte Saint-Michel, qui traverse aujourd’hui la ville de Saint-Foy, que lee recenseur rencontre les Picher en 1667. Le petit Jean-Baptiste est né et déjà âgé d’un an. Il avait été porté sur les fonts baptismaux de Notre-Dame de Québec le 26 octobre 1666 et avait reçu le baptême des mains du curé de Bernières, celui-là même qui avait béni l’union de ses parents un an auparavant. À la côte Saint-Michel, Pierre Maufay et Etienne Sédillot sont les voisins de Pierre Picher.

Il s’établit à Dombourg

Une fois son bail terminé, le jeune colon décide de changer d’air. Le 2 mars 1670, il passe chez le notaire Becquet afin de faire l’acquisition d’une terre de deux arpents de front sur quarante de profondeur. Cette terre comprend six arpents de bois et abatis, ainsi qu’un arpent et demi en nature de labour. Le tout est borné d’un côté par le domaine de la seigneurie, de l’autre par l’habita-

tion de Louis Bonnaudeau.

Le vendeur, Laurent Lormier, déclare que la terre qu’il cède lui a été concédée par François Bourdon, écuyer et seigneur de Dombourg, à une date qui n’est pas précisée. Le prix de vente est de 155 livres tournois que l’acquéreur promet de débourser le jour de la Toussaint de l’année suivant, soit 1671. Le contrat est signé par les parties, le notaire, ainsi que les deux témoins coutumiers : Gilles Dutartre et Jean-Baptiste Gosset. Un autre acte de Becquet inscrit à la date du 21 octobre 1671 révéle que Pierre Picher s’est bien acquitté de sa dette envers Lormier. Par ailleurs, le même tabellion aura l’occasion de rédiger quelques autres contrats paur Picher vers la même époque.

Parmi ces autres contrats, notons celui du 23 mars 1670 où Pierre Picher, toujours habitant de la côte Saint-Michel, transporte à Nicolas Dupont, « escuyer, sieur de Neupville, conseiller de Roy au Conseil Souverain de ce pays demeurant en cette ville de Québec à ce présent et acceptant, la somme de quatre vingt livres tournois que le dit ceddant a dit et affirmé lui estre deubment et justement deub sollidairement par Laurens Herment et par Jacques Le Meilleur, aussi habitants demeurant en la dite coste de Saint-Michel

Et en quoy ils se sont obligés envers luy par obligation passée devant le

notaire susdit soussigné le quatrième jour de ce présent mois et an, causée pour vente de marchandises à eux vendues eet livrées par le dit ceddant, etc. »

(paragraphe écrit en vieux français).

Un tel transport de créance est fréquent au XVIIe suècle. Créanciers et débiteurs s’en accommodent assez facilement lorsqu’ils y trouvent lesr avantage. Dans le même acte. Picher reconnait devoir encore à Dupont la somme de dix-huit livres qu’il promet de rembourser quand Herment et Le Meilleurr auront acquitté leur dette envers lui et sa femme, par suite de l’acquisition d’une terre sise dans la seigneurie de Cap-Rouge, paar contrat passé devant Becquet le 4 du mêmee mois. En plus des parties liées par cet engagement, les témoins Pierre Hubbert et Jean-Baptiste Gosset signent au bas de l’acte.

Deux ans plus tard les 30 et 31 mai, le seigneur Jean-François Bourdon décide de donner le coup définitif d’envoi à sa seigneurie de Dombourg. Ces

jours-là, il concède pas moins de cinquante-cinq terres par contrats passés devant Gilles Rageot, Pierre Picher est du nombre des concessionnaires, parmi lesquels on reconnait plusieurs colons qui ont fait souche à Neuville et qui y comptent encore des descendants : Robert Germain Etienne Papillon, Louis Delisle, Antoine Boutin (dont la veuve, Geneviève Gaudin, s’est remariée à l’ancêtre Jean Béland), Denis Masse, Jean Denys, Jean Hardy, Jean Dubucq, Nicolas Sylvestre, Nicolas Langlois, Léonard Faucher et Nicolas Matte.

Pierre Picher conservera cette terre moins de quatre ans. Le 23 mars 1676, il passera chez le notaire Pierre Duquet pour la vendre à son voisin Louis Bonnaudeau. Il s’agissait d’une superficie de deux arpents de front sur le fleuve et d’une profondeur de quarante « avec cabanne et hangard construits sur icelle ». L’ancêtre n’y conservera qu’un droit d’habitation temporaire jusqu’au 15 juin suivant. Cette propriété est contiguë au domaine du seigneur d’une part et à la terre de l’acquéreur d’autre part. La transaction est faite moyennant la somme de 750 livres acquittée par l’abbé Jean Dudouyt, procureur du séminaire de Québec et créancier à la fois de Picher et de Bonnaudeau.

Le 21 octobre suivant devant Becquet l’ancêtre Pierre fera encore appel à la générosité de messire Dudouyt. Il lui faudra toutefois près de trente ans pour éteindre cette nouvelle dette, tel qu’il apparaît dans un « attenant » du notaire François Genaple en date du 12 février 1701. Cette fois-ci, l’abbé François Buisson, le nouveau procureur du séminaire de Québec, qui acquitte Picher de la somme de 140 livres portée par l’obligation de 1672 et d’une somme de 155 livres qu’il devait par suite d’une précédente obligation contractée le 21 octobre 1671. Comme tout bon fils vivant à cette époque l’aurait faait, Jean-Baptiste avait dû y aaller d’une contribution de quatre vingt livres pour aider ses parents à éponger le solde de ces vieilles redevances.

Marie Lefebvre réapparaît

Cst une fois installé à Dombourg que Pierre Picher apprend d’un compatriote que sa première femme est toujours vivante. Cette situation le plonge dans le plus grand des embarras. Face à cette impasse, il demande l’aide de Mgr de Laval. Cet épisode de la vie de l’ancêtre nous est connu grâce au compte rendu qu’en fait le gouverneur Frontenac lui-même dans le procès-verbal d’une séance extraordinaire du Conseil Souverain de la Nouvelle-France, tenue le 11 septembre 1673. Les conseillers de Tilly,Damours, Dupont, de Peyras et de Vitray sont présent (9).

Pierre Picher s’adresse au plus haut tribunal du pays afin de faire légitimer les enfants de Catherine Durand. Il y déclare « qu’étant en ce pays en1662, Louis Picher son frère lui avait envoyé une lettre missive, par laquelle il lui mandait que Marie Lefebvre, sa femme, était décédée, sur lequel avis étant sorti de son engagement, il se serait marié avec Catherine Durand, duquel mariage son issus trois enfants nommés Jean-Baptiste âgé de sept ans Adrien âgé de quatre ans et Marie-Madeleine âgée de trois ans, depuis laquelle lettre le suppliant n’avait reçu aucunes nouvelles de ses parents ni de ceux de la dite défunte Lefebvre jusqu’en 1671,(alors)qu’un homme venant de France lui dit qu’elle était encore vivante et que ce qui lui avait été mandé n’était pas véritable. Ce qu’ayant appris il se retira par devers Monsieur l’évêque de Petrée

Lequel étant sur son départ pour (la) France, lui promit de s’en faire informer certainement, et lui en ferait donner avis ainsi qu’il fut fait l’année dernière »

Cet avis de Mgr de Laval signifie, évidemment, que le colon doit retourner chercher sa première épouse. Ainsi donc poursuit Frontenac dans sa relation des événements, Picher obtient son congé et passe en France où il trouve Marie Lefebvre toujours vivante, « reconnaissant par là qu’il avait été surpris par la dite lettre. » Le gouverneur ajoute : « Comme il avait beaucoup de tendresse pour ses dits trois enfants et pour la dite Durand qu’il avait abusée par innocence, il s’était résolu de passer en ce pays où pour lors le dit sieur de Petrée lui avait conseillé d’amener avec lui la dite Lefebvre, ce qu’il avait fait. En s’étant embarqué dans le navire « La Nouvelle France » commandé par le capitaine Poullet, le dite Lefebvre serait décédée. »

Mariage réhabilité

Déclaré bigame deux ans plus tôt, Picher revient donc à Québecsans femme, son premier mariage ayant été rompu par la mort de Marie Lefebvre, le second ayant été annulé pour avoir été contracté alors que celle-ci était encore vivante. Il s’en remet à l’autorité diocésaine pour décider de son sort.

Ayant constaté l’effort déployé par l’ancêtre pour recouvrer sa première épouse et ainsi régulariser son statut matrimonial, l’abbé Dudouyt s’empresse de réhabiliter son union avec Catherine Durand. Ceeci sera fait le 9 septembre, soit deux jours ayant la réunion du Conseil. Cette hâte ne plaît guère à Frontenac, qui s’en plaint dans une remarque qu’il signe à la suite du procès-verbal : « Et est retenu que le grand vicaire du Sieur Évêque de Petrée, Vicaire apostolique en ce pays, sera averti par le dit Substitut d’attendre les décisions du Conseil à réhabiliter aucunes personnes par sacrement de mariage, en matière semblable. »

En conséquence, le Conseil ordonne aussi « que le contrat de mariage passé entre lui (Picher) et la dite Catherine Durand par-devant Fillion notaire le vingt-troisième novembre 1665 sortira son plein et entier effet, en tout son contenu, et que les dits trois enfants soient déclarés capables d’hériter du dit exposant et de la dite Durand leurs père et mère, conjointement avec les autres enfants qui pourraient sortir d’eux ci-après, Vu aussi le dit contrat de mariage par copie collationnée signée Vachon notaire, déclaration du dit Louis Picher, garçon de garde robe de Monseigneur le duc Davinyon (d’Avignon), passée devant Sainfray et Le Semelier notaires au Chastelet de Paris le vingt deuxième avril dernier ; certificat du sieur Dudouyt en date de ce jour, comme il a réhabilité en face de l’Église le mariage des dits Picher et Catherine Durand le neuvième du présent mois; conclusions verbales du substitut du procureur général; tout considéré. Le Conseil suppléant à défaut de lettres de Chancellerie a légitimé et légitime les enfants issus de dit Pierre Picher et de la dite Catherine Durand, et les a déclarés habiles à leur succéder, a ordonné et ordonne que le contrat de mariage passé entre le dit Picher et la dite Catherine Durand sortira son plein et entier effet. »

Et la vie continue

Après son éprouvant voyage et les tracasseries administratives pour recouvrer ses droits, quelle n’a pas dû être la joie de Pierre Picher de rentrer au foyer en ce milieu de septembre 1673 ! D’embrasser sa jeune femme et ses mioches! De voir cette terre et cette forêt miroitant déjà de la pourpre et des ors automnaux!

Entre 1676 et 1681, le colon neuvillois continue d’être actif. Il conclut des marchés, effectue des transactions, tel qu’il appert aux minutiers des notaires Duquet, Becquet et Rageot. Des personnages aussi importants que François Madeleine Ruette de Monceaux et Nicolas Dupont de Neuville font affaire avec lui.

Le 14 août 1676 (l0) Pierre s’engage à couper et à engranger tous « les grains qui sont pendants par la racine » sur l’habitation de Jean Dubust (Dubuc) moyennant une rétribution de 110 sols par arpents, Dubust s’oblige à payer en blé au prix qu’il vaudra à la Noël prochain. Le 18 janvier 1681 (10) , Picher reconnaît devoir au marchant Charles de Couagne la somme de 51 livres pour marchandises reçues. Ces deux-là brasseront encore des affaires ensemble jusqu’en 1704 (11). L’on supposer que, dans le lot de marchandises reçues, il devait y avoir des chapeaux ou de quoi en fabriquer. En cette même année 1681, nouvelle visite du recenseur qui note que l’ancêtre, maintenant âgé de 49 ans, exerce toujours son métier de chapelier, Catherine Durand, avec ses 29 ans déclarés n’avoue pas avoir franchi le cap de la trentaine. Les enfants sont Jean-Baptiste, Adrien, Pierre et Catherine; Marie-Madeleine n’est plus et François pas encore né. Deux vaches qui broutent autour des dix arpents en valeur semblent le seul troupeau de la famille. Les voisins sont Louis Bonnaudeau et Jean Hardy (12).

Le « tapabord » un chapeau qui devait faire partie de la collection vendue par Pierre Picher.

Puis, durant presque vingt ans, c’est le calme plat. Le 4 novembre 1689, L’ancêtre transige devant Rageot. Il s’agit d’une vente faite à Françoise Juchereau, épouse du marchand François Viennay Pachot. Suit une série d’actes passés devant Louis Chambalon entre 1693 et 1700. Il s’agit surtout d’obligations envers divers marchand, mais cela concerne aussi leur fils Jean-Baptiste qui a déjà commencé à rembourser les dettes de ses parents.

Le grand dérangement

Le 31 décembre 1700 (13), Pierre Picher a décidé d’émigrer vers d’autres cieux. Il vend alors au marchand Joseph Riverin sa terre de deux arpents donnant sur le fleuve, avec profondeur de quarante, joignant au domaine de la seigneurie et à l’habitation de Louis Bonnaudeau. La vente inclut les » bâtiments dessus construits, circonstances et dépendances sans aucune chose en retenue », excepté la liberté de demander vingt minots de blé en 1701, de même que des pois et du blé d’inde qu’il pourra semer. Aussi le loisir de continuer d’y habiter jusqu’au 1er octobre de la même année.

Cette terre est celle que l’ancêtre avait acquise le 2 mars 1670. La vente est faite pour la somme de 1500 livres, moins 418 qu’il devait déjà à l’acheteur. Quand au solde de 1082 livres, Riverin promet d’en payer 280 en argent et 602 en marchandises. Les 200 livres manquantes seront remboursées à raison de vingt livres chaque année, chaque 1er octobre, le capital restant dû à Jean-Baptiste après le décès de son père. Le contrat inclut également deux taureaux, un manteau, une jupe d’étoffe et un capot de drap dit « de Saint-Jean ».

À l’orée du XVIIIe siècle, la famille Picher, du moins ce qui en reste, remonte le Saint-Laurent jusqu’à Boucherville. Toutefois, les aînés et leurs descendants demeureront bien implantés dans la région de Portneuf. Les trois plus jeunes fils, François, Ignace-Joseph et Louis, suivent leurs parents aux abords de Montréal. Ces deux derniers ainsi que leur nombreuse progéniture y prendront solidement racine.

Des contrats des tabellions Antoine Adhémar et Marien Tailhandier confirment la présence de Pierre Picher dans la seigneurie de Pierre Boucher depuis la fin de 1701 jusqu’en 1708. Puis Pierre et Catherine, accompagnés de leurs fils Ignace et Louis, traversent le fleuve pour aller exploiter, dans le seigneurie de Saint-Sulpice, des terres plus rentables. Le vieux pionnier accompli son dernier déménagement. Cinq ans plus tard, il s’éteint à l’âge de 81 ans. Il est inhumé à Saint-Sulpice même, le 30 octobre 1713, en présence de Françoise Bélair et des nommés Robillard et Sansfaçon. Le curé Jean-Baptiste Breuille signe l’acte de sépulture. Quand à Catherine Durand, elle serait aussi décédée à Saint-Sulpice en ou après 1717. Elle et Pierre avaient élevé une famille de huit enfants :

1. Jean-Baptiste, né le 24 et baptisé le 26 octobre 1666 à Québec; décédé avant 1742. Marié à Saint-Augustin, le 30 août 1700 (contrat Genaple, le 28) à Marie-Anne Dolbec 1682-1732, fille de François et d’Anne Masse (3 fils et 4 filles). Jean-Baptiste a fréquenté l’école de métiers de Beaupré, où il est recensé en 1681. Lui et les siens ont vécu à Saint-Augustin.

2. Adrien né le 4 et baptisé le 5 novembre 1668 à Québec; décédé et inhumé le 3 juillet 1739, à Cap-Santé à l’âge de 70 ans. Marié à la Pointe-aux-Trembles de Québec, le 22 novembre 1694 à Elisabeth Léveillé (1676-1738, fille d’Étienne etd’Isabelle Lequint (2 fils et 2 filles). Ce prénom d’Adrien lui aété donné par son parrain Adrien Sédillot. L’un de ses fils le portera aussi. C’est lui qui fera requête devant le notaire Louis Pillard, le 3 août 1739,pour dresser l’inventaire des biens de ses défunts parents et pour en faire le partage entre les héritiers. Ces Picher ont vécu à Cap-Santé.

3. Marie-Madeleine, née et baptisée à Dombourg le 15; acte de baptême inscrit à Québec le 26 novembre 1670. Décédée avant 1681.

4. Pierre né à Dombourg le 11; acte de baptême enregistré à Québec le 19 juillet 1674; inhumé à Cap-Santé le 12 août 1712. Marié à la pointe-aux-trembles de Québec le 4 novembre 1697 (contrat Chambalon, le 22 octobre), à Anne Sylvestre, née en 1678, fille de Nicolas et de Barbe Nepveu (2 fils et 6 filles). Tous ces enfants ont été baptisés à la Pointe-aux-Trembles, à l’exception du fils aîné, François-Robert, baptisé à la Rivière-Ouelle. La benjamine Marie-Joseph, est née après le décès de son père. Anne Sylvestre s’est remariée à François Biron, veuf de Marguerite Davaux et de Marie-Anne Fournel, à Cap-Santé, le 28 février 1718. Pierre s’est établit dans la seigneurie de Bélair (Les Écureuils) en 1690.

5. Catherine, née et baptisée à Dombourg le 21 décembre 1677 (acte à Québec) décédée après 1745. Mariée à la Pointe-aux-Trembles de Québec, le 5 mars 1696 (contrat Chambalon, le 22 février), à Antoine Bordeleau (1673-1758), fils d’Antoine et de Perette Hallier (9 fils et 7 filles). Cette famille a vécu à Neuville.

6. François, né et baptisé à Dombourg le octobre 168l. Décédé accidentellement (noyé) le 1er juillet 1706 et inhumé le même jour à Boucherville.

7. Ignace-Joseph, né et baptisé à Dombourg le 19 octobre 1685. Marié à Contrecoeur (contrat Tailhandier, le 6 juin 1717) à Marie-Anne Emery-Coderre, fille d’Antoine et de Marie-Anne Favreau (4 fils et 4 filles). Cette famille était établie à Saint Sulpice. Elle y est recensée en 1731 (RAPQ 1949-1951 p. 97). Ignace y possède maison, grange, étable, 60 arpents de terre labourable et 7 de prairie.

8. Louis dit Lamusette, né le 12 et baptisé le 17 septembre 1691 à Dombourg; il vivait toujours en 1750. Marié à Repentigny, le 11 janvier 1712 (contrat Senet, le 9), à Françoise Gélinaud, fille de François et de Marguerite Ménard (8 fils et 2 filles). Aussi recensé à Saint-Sulpice en 1731. Louis y possédait terre, maison en pierre, grange, étable, 60 arppents en labour et 6 en prairie. Au recensement de 1781 (RAPQ 1949-1951, P. 121), les Picher vivent toujours dans seigneurie, à quelques pas de l’église paroissiale.

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